C'était un 29 mai... 1961 !
Inutile de chercher matinée plus froide pour une fin mai en France... Les gelées, qui affectent toutes les régions du Pays, sont remarquables par leur étendue et leur intensité ! Si les records de froid datant de la première quinzaine du mois ne sont pas battus, ils sont parfois approchés ! On relève ainsi :
0,1° à Mont-de-Marsan et Niort,
0° à Gourdon,
-0,5° à Lille,
-0,7° à Caen,
-0,8° à Beauvais,
-1,1° à Limoges et Alençon,
-1,4° à Creil,
-1,7° à Châtillon-sur-Seine,
-2° à Nevers, et jusqu'à -2,2° à Romorantin ! Des températures inférieures à -5° auraient même été relevées dans le Limousin...
Lorsque le jour se lève, les saisons se télescopent ! Le vert tendre des feuillages tranche avec la blancheur des sols... L'occasion de rappeler ici que des gelées blanches peuvent se produire dès 3° sous abri !
Un jeune couple rend alors visite à un vieux Général, et tente de "réchauffer" l'atmosphère...
Pour certaines stations, il s'agit du deuxième jour consécutif avec des températures inférieures à 0° ! Creil en fait partie...
A cette époque de l'année, le cycle végétatif est largement entamé ! Sur des pousses gorgées de sève, le gel fait éclater les cellules et provoque des dégâts irrémédiables... Ironie du sort, les raisins qui y échappent fourniront un rare et précieux millésime, le meilleur du Siècle !
L'arboriculture n'est pas épargnée... Les jeunes et tendres fruits brunissent, se flétrissent, pour finir par avorter... La récolte est définitivement perdue !
Depuis quelques jours, un anticyclone migre du Groenland vers l'Atlantique Nord ! Tandis qu'une dépression évolue sur la Scandinavie...
La carte des masses d'air du 26 mai se passe de commentaires ! On y distingue l'épaisseur "528", qui correspond généralement aux chutes de neige en plaine... Venue directement du Pôle et "véhiculée" par le flux de nord, elle s'apprête à recouvrir intégralement la Grande Bretagne !
Le 28 mai, elle finit par atteindre la France... Et la nuit suivante est calme et dégagée ! L'air froid en altitude ainsi qu'un fort rayonnement nocturne font ainsi s'effondrer les températures...
Reynald ARTAUD